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COMMENT FAIRE SON DEUIL APRÈS LE SUICIDE D'UN PROCHE ?


Deuil après suicide

Le deuil après le suicide d'un proche est un deuil particulier. Il est l'un des plus difficiles à vivre et est décrit comme étant un deuil traumatique. La mort est brutale et inattendue. Les proches qui découvrent le suicide vivent un état de stress aigu dont les conséquences peuvent être préoccupantes. PF Le Papillon tente donc de vous apporter de l'aide pour surmonter cette épreuve.


Les conséquences après le suicide d'un proche


- Un deuil traumatique


Le deuil après le suicide d'un proche est un deuil à part. On parle de deuil traumatique. Il faut savoir que dans 50% des cas, le suicide a lieu à domicile et c'est la famille (conjoints, parents, enfants…) qui découvre le corps. Cette découverte peut provoquer l'apparition d'un syndrome de stress post-traumatique. La personne qui a découvert le corps va alors avoir des "flashs" de la scène et être dans un état de stress chronique, c'est-à-dire qu'elle va être sur ses gardes comme si un nouveau drame allait se produire à tout moment. Pour sortir de ce stress, nous vous conseillons de vous renseigner sur le traitement EMDR (Intégration neuro-émotionnelle par les mouvements oculaires).


- La quête du "pourquoi"


"Mais pourquoi a-t-il fait ça ?" La quête pour obtenir une réponse à cette question deviendra obsessionnelle pour la famille qui va chercher des mois, voire des années, ce qui a bien pu déclencher ce drame. Vous lirez tous les courriers, mails et SMS du défunt afin d'obtenir des pistes. Vous mobiliserez également ses amis et connaissances pour leur poser des questions "Vous a-t-il dit quelque chose ?" et tenter d'obtenir une explication à l'inexplicable. Cependant, cette quête n'a rien d'anormal. Au contraire, elle vous permettra de cheminer par vous-même vers l'acceptation car vous comprendrez petit à petit qu'il n'y a pas de réponse définitive.


- La culpabilité


La culpabilité est présente dans tous les deuils, mais elle est encore plus intense dans le deuil après le suicide d'un proche. Vous allez avoir l'impression que son geste est de votre faute. Vous allez d'ailleurs vouloir vous punir en vous donnant des interdits : interdit d'être heureux, ne s'autoriser aucun plaisir, aucun succès, aucune gratification… Certains vont même aller jusqu'à vouloir s'infliger la punition ultime : se donner la mort à leur tour. Si cette envie est présente et qu'elle est de plus en plus prononcée, alors n'hésitez pas à vous faire aider psychologiquement par un professionnel.


- Le risque de dépression


Le suicide d'un proche vous rend plus vulnérable à la dépression. Votre estime de vous-même baissera et vous remettrez en question la quantité et la qualité d'amour que vous avez donné à la personne décédée. Vous vivrez ça comme un échec personnel. "Mon amour n'a servi à rien et ne l'a pas retenu, je n'ai aucune valeur." Aussi, vous pouvez vivre le suicide comme un abandon de la part de la personne décédée. Ce ressenti peut vous mener vers l'envie de vous donner la mort. Le suicide d'un proche entraînera également une perte de sens plus marquée que lors des autres deuils. Vous pourrez perdre vos repères et ressentir que la vie est moins importante. Vous abandonnerez alors tous vos projets et aurez beaucoup de difficultés à les reprendre après le deuil.


Deuil suicide

- La honte et la stigmatisation


Ce n'est pas toujours le cas, mais il est possible de ressentir de la honte durant un deuil après suicide. Cette honte, directement en lien avec la culpabilité, s'accompagne généralement d'un vécu de stigmatisation sociale.


De cette honte va découler un sentiment d'indignité qui va accentuer le sentiment de solitude du deuil. Vous allez alors vous auto-exclure des réseaux de soutien amicaux, associatifs ou professionnels en pensant que vous ne méritez pas d'être aidé car vous n'avez pas su aider votre proche en souffrance.


Aussi, cette honte va vous pousser à vous enfermer dans le silence. Parfois même, la personne en deuil après suicide va inventer un scénario pour raconter le décès (accident ou maladie) de son proche. Ce silence peut même se transformer en secret de famille.


- La colère


Tous les deuils provoquent de la colère. Elle peut être dirigée vers autrui (médecins, collègues de travail, conjoint…) mais aussi contre soi-même. Il y a une spécificité dans le deuil après suicide, c'est d'être en colère contre la personne disparue qui est en même temps la victime et le meurtrier.


- Le soulagement et l'ambivalence


Dans certaines situations comme l'alcoolisme sévère, les tentatives de suicide répétées, les hospitalisations multiples en psychiatrie ou encore les fugues, il est possible de ressentir comme un sentiment de soulagement pour la personne disparue et pour ses proches. Cependant, il est très difficile d'accepter ce ressenti pour les personnes endeuillées. L'accompagnement du deuil peut aider à mettre des mots sur cette douloureuse ambivalence.


- De la peur et de l'anxiété


Après le suicide d'un proche, vous pouvez ressentir de la peur de revivre un nouveau suicide dans votre entourage. Vous vivez alors dans cette angoisse, avec un sentiment d'insécurité où tout devient imprévisible. Aussi, quand il s'agit de votre conjoint ou votre mari qui se suicide, vous craignez de vous réengager et de vous réinvestir amoureusement. Vous avez peur de recommencer une relation et que le drame se reproduise à nouveau. Il en va de même lorsque c'est votre enfant qui a mis fin à ses jours. Vous pouvez alors ressentir la peur de refaire un bébé. Vous remettez en question l'éducation que vous avez donné à votre fils/fille et vous vous dites que cela peut se reproduire avec votre nouvel enfant.


Comment surmonter cette épreuve ?


Faire son deuil d'un proche suicidé sera long et compliqué. Même si cela vous semble inconcevable aujourd'hui, la souffrance finira par s'apaiser. Cependant, il faudra accepter qu'elle ne disparaitra probablement jamais. Sachez que vous pourrez tout de même être heureux à nouveau un jour.


Pour cela, il faut :


- accepter la décision et le geste de votre proche décédé en gardant la même estime et affection que vous lui portiez.

- être vigilent pour détecter d’éventuelles complications post-traumatiques (PTSD) ou l’apparition d’un syndrome dépressif. Trois solutions thérapeutiques existent pour soigner le PTSD : les traitement médicamenteux (antidépresseurs), les thérapies cognitivo-comportementale (TCC) et l’EMDR (eye movement desensitization and reprocessing).

- rejoindre des associations de familles endeuillées où vous rencontrerez des personnes confrontées à la même situation que vous.

- avoir un soutien médical (psychiatre ou psychologue)

- accepter de vous donner de l'aide et d'en recevoir.

- être entouré par votre famille et/ou vos proches.

- exprimer vos peines.


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